Sénégal : Deux rapports des finances publiques enfin publiés

Après des mois de critiques sur la transparence des finances publiques, le ministère sénégalais des Finances a publié simultanément deux rapports très attendus : celui du quatrième trimestre 2024 et celui du premier trimestre 2025. Cette double publication fait suite à des engagements pris en matière de discipline comptable, dans un contexte où les anciennes pratiques de report de dépenses et d’opacité dans l’enregistrement budgétaire avaient été fermement dénoncées par la Cour des comptes.

 

Pour répondre aux critiques, une réforme profonde a été enclenchée : toutes les dépenses publiques doivent désormais être enregistrées dans l’exercice fiscal de leur engagement effectif. Cette nouvelle règle de gestion budgétaire est présentée comme une rupture décisive avec les ajustements comptables a posteriori qui affaiblissaient la lisibilité des comptes de l’État. Le ministère évoque un changement de culture financière, orienté vers une gestion plus sincère, plus fluide et plus crédible.

 

Alignement sur les standards internationaux

Ces rapports intègrent désormais les données du TOFE (Tableau des Opérations Financières de l’État), outil de référence pour les partenaires techniques et financiers. Cette harmonisation permet de mieux suivre l’exécution budgétaire et d’identifier rapidement d’éventuels écarts entre les prévisions et les réalisations. Le ministère justifie les délais accumulés par la volonté de fiabiliser les données, y compris par des ajustements rétroactifs nécessaires à la conformité du reporting.

 

L’exercice aura permis d’assainir les comptes, en apportant davantage de rigueur dans le suivi des dépenses réelles, notamment celles qui échappaient jusque-là à une centralisation claire. L’administration entend également tirer profit de cette nouvelle approche pour restaurer la confiance auprès des bailleurs de fonds, mais aussi auprès des citoyens souvent sceptiques sur la gestion des ressources publiques.

 

Une manœuvre politique maîtrisée

Au-delà des considérations techniques, cette double publication intervient à un moment où le gouvernement est sous pression pour démontrer sa capacité à tenir ses engagements en matière de bonne gouvernance. Le respect des délais annoncés, cette fois-ci, semble relever autant d’une volonté de redressement administratif que d’un message politique : celui d’une gestion qui se veut désormais prévisible, transparente et tournée vers la reddition des comptes.

 

Cette évolution pourrait également préparer le terrain à une révision plus large du cycle budgétaire national, avec des objectifs de prévisibilité renforcée pour les ministères sectoriels et les collectivités. Reste à savoir si ce respect ponctuel des échéances deviendra la nouvelle norme. Pour l’heure, le ministère semble vouloir marquer un tournant.

La nouvelle tribune