Un maire sénégalais soupçonné d'être l'un des cerveaux du trafic de clandestins

Lassana Sarr, maire de Dionwar, sera finalement présenté aujourd'hui mardi devant le parquet financier de Dakar. 

Selon les révélations de Libération, il ne serait pas un simple acteur parmi d’autres, mais bien l’un des cerveaux d’une organisation criminelle bien huilée, responsable de nombreux départs clandestins depuis les îles du Saloum.
L’enquête menée par la gendarmerie de Foundiougne a mis en lumière un réseau structuré, actif depuis plusieurs années et impliqué dans le trafic de migrants. Tout est parti de l’interception de 241 migrants au large de Bassar (commune de Bassoul), un coup de filet qui a révélé l’existence d’un système organisé où chaque membre jouait un rôle précis : démarcheurs, logisticiens, convoyeurs… et même des protecteurs haut placés.
 Lassana Sarr n’a pas été le seul à tomber. Avec lui, six autres individus aux profils variés ont été interpellés : des maçons, des pêcheurs, des ouvriers et même un électricien. Tous sont poursuivis pour association de malfaiteurs, trafic de migrants, mise en danger de la vie d’autrui et escroquerie.
Ce trafic était particulièrement lucratif. Chaque candidat devait débourser entre 300 000 et 400 000 FCFA pour espérer embarquer. Grâce aux aveux d’un des organisateurs, les gendarmes ont mis la main sur 5 millions de FCFA à Mbour, une somme qui représentait une partie des paiements effectués par les derniers migrants. L’argent était entre les mains d’une femme, qui a finalement été relâchée après que sa bonne foi ait été prouvée.
Mais l’élément le plus accablant pour Lassana Sarr reste les réquisitions téléphoniques. Elles montrent qu’il a multiplié les appels aux autres membres du réseau juste avant le départ de la pirogue interceptée, comme pour s’assurer que “tout allait bien”. Pourtant, face aux enquêteurs, l’élu persiste et signe : il aurait seulement cherché des avocats pour défendre ses présumés complices.